9 mai 2012
aheum...
la scène se passe hier dans un supermarché (j'entends par supermarché un "genre" de supermarché comme seuls en connaissent les parisiens - habitués à se cogner aux murs - disons une épicerie de grande enseigne d'environ 100 m²).
une crise. partie de rien. ou presque.
une R. très excitée, qui s'agite en tous sens. qui mange sa petite soeur de bisous (comment lui en vouloir ?), lui pince (caresse ?) la joue, tout doucement, certes, mais toutes les trois secondes et avec trop d'agitation.
rien de grave.
mais cette excitation persistante provoque chez ses parents un énervement latent, qui se concrétise finalement par une parole.
une seule.
moi : "bon, puisque c'est comme ça, cette fois, c'est A. qui choisit les glaces".
que n'avais-je dit.
R. n'en croit pas ses oreilles. le regard qu'elle me lance d'abord n'est qu'incompréhension.
vexée comme un pou, elle crie, pleure, nous joue la scène du 12. court se cacher dans le rayon des dentifrices.
après quelques minutes passées à (faire mine de) ne pas faire attention à elle, à son comportement, à ses cris et à ses larmes, à la laisser "se calmer" (ou plutôt à espérer sans trop y croire qu'elle parviendra à se calmer) seule dans son coin, on décide que ça n'a que trop duré, qu'il est temps d'aller à la caisse et que tout DOIT rentrer dans l'ordre.
que nenni.
R. se lamente, n'arrive pas à encaisser l'affront, se couche par terre, se jette presque sous les roues du caddie d'un monsieur qui nous lance ce regard dont seuls sont capables a) les gens sans enfant, b) les parents d'enfants de plus de 15 ans qui ont oublié de quoi sont capables les enfants de cet âge, c) les parents d'enfants de cet âge qui font leurs courses seuls et qui pensent sincèrement que dans pareille circonstance, ils feraient forcément mieux que les parents qu'ils ont en face d'eux (les plus nombreux je crois parmi ces trois catégories et les plus injustes aussi - je le sais, j'ai déjà eu ce genre de pensée, ouh la vilaine).
mon mari est contraint de la soulever du sol, elle fait la molle, elle joue les désespérées (et doit l'être aussi pour de vrai).
la crise se durcit.
la sensation est là. celle que, quoi qu'on fasse, ça ne se règlera pas seul.
un regard entre nous.
moi (dans ma tête) : "bon, on a essayé, ça n'a pas marché. c'est trop la honte. tu sors avec elle ? je finis les courses avec A."
lui (dans sa tête) : "ok, je la prends, je gère, mais SURTOUT dépêche toi, pas de fioritures sur les courses"
moi (dans ma tête) : "ok mon chou, je fais vite".
il l'emmène, la porte, la camisole. elle se débat, balance des coups de pieds, montre un enragement sans précédent. m'agrippe le manteau en passant devant moi, hurle "mamaaaaaahhh" et me lance ce regard de désespoir que je n'ai jamais vu que chez des enfants.
mon coeur est proche de l'explosion.
trois petites minutes plus tard, on se retrouve, A. et moi, à la caisse, située à côté de la sortie du magasin.
un peu de monde.
par moments, on entend des cris, provenant de l'extérieur.
en fait, on les entend lorsqu'un client sort du magasin et que les portes s'ouvrent.
on retient notre respiration jusqu'à ce que les portent se referment.
ça fait rire A.
A. : "oh là là on l'entend jusqu'ici pffff oh là là..."
moi : "oui je sais, j'entends, mais c'est pas vraiiiii bon sang de bon sang... pffff..."
un ange passe.
A. : "maman ?"
moi : "oui"
A. "ça existe encore les orphelinats ?"
moi : "euh..."
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